COMPTE RENDU
Réunion du 28 mars 2009
Intervenante : Mme Jacques – psychologue RASED
Etaient présents :
Ø Mme Jacques, psychologue RASED depuis 7 ans
Ø environ 35 personnes dont 2 représentantes de la Mairie de Vauréal et 5 personnes du Groupe Scolaire du Boulingrin
Patrick LALOI FCPE
Thanh DINH FCPE
Caroline COLLIN GIPEB
Nathalie HEU GIPEB
Ludivine PUECH GIPEB
I. LES RECHERCHES SCIENTIFIQUES
La nouvelle organisation de la semaine (semaine de 4 jours) conduit à nous interroger sur le rythme scolaire de l’enfant.
a) La différence entre le rythme biologique et le rythme social (ou scolaire)
rythme circadien : rythme biologique dont la période est d’environ 24 heures
chronobiologie :
- science peu développée (peu de recherches)
- étude des structures temporelles des organismes et de leur altération dans le temps
rythme : variations avec sommets (= pics), amplitudes, fréquences (= périodes)
horloge biologique interne qui synchronise et organise les variations entre le jour et la nuit (variations de température, de fréquence cardiaque, …)
Les rythmes biologiques sont influencés par différents facteurs :
Ø Origine endogène : horloge biologique interne
Ø Origine exogène :
o Lumière/obscurité
o Variations saisonnières
o Température (chaud/froid)
o Facteurs socio-écologiques (prise de repas, alternance repos/activité)
o Lumière artificielle
désynchronisation : perte de la relation de phase des rythmes biologiques, qui occasionne fatigue, troubles de l’humeur, excitabilité, …
rythme veille/sommeil : évolue en fonction de l’âge et selon les individus (intra-individualité)
b) Les deux différentes approches
2 approches complémentaires
· Approche clinique
Chercheurs : TESTU et MONTAGNER (1996)
Objectif
- Etude des fluctuations du rythme biologique
- Avoir le reflet fidèle de l’enfant
Inconvénient
Existence d’un "effet classe" (échantillon trop petit)
Constats
- Faiblesse de la vigilance en début de matinée et en début d’après-midi (élèves plutôt fatigués, peu attentifs) suivie d’un pic de vigilance aux autres moments (9h-11h30 et 15h-17h) ;
- Approche défavorable à la semaine de 4 jours mais existence de différences selon l’âge des élèves :
§ 6-7 ans : désynchronisation de la vigilance (notamment chez les plus jeunes, aggravée par l’absence d’activités extra-scolaires le mercredi)
§ 8-10 ans
- Ni la semaine de 4,5 j , ni celle de 5,5 j n’altèrent le profil de rythmicité journalier des enfants donc OK pour la semaine de 4,5 ou 5,5 jours ;
- En revanche, si la semaine excède 5,5 j , il y a une altération (diminution du temps de sommeil – TESTU 1998) ;
- Phénomène filles / garçons : mise en évidence de fluctuations psychophysiologiques chez des filles de 8 à 11 ans selon les jours de la semaine.
Conclusion sur la semaine de 4 jours :
- Pas profitable : elle accentue et allonge les effets perturbateurs du week-end sur l’adaptation à la situation scolaire
- Jeudi après-midi = période optimale (journée où la rythmicité est bien établie)
· Approche évaluative
Chercheurs : DEVOLVE et DAVILA (1996)
Objectif
- Etude à partir de l’emploi du temps de l’enfant (rythme social ou scolaire) en faisant abstraction du rythme biologique
- Echantillon important
Inconvénient
Existence d’un "effet classe" également
Constats
- L’organisation en 4 jours de 6h ou 6,5h semble la plus perturbante pour le processus de mémorisation ;
- Influence de la durée du week-end :
o un week-end de 2 j ou 1,5 j a un impact sur le stockage des informations ;
o les performances sont meilleures après une interruption d’1,5 j seulement.
· Conclusion
Les deux approches sont contradictoires car tous les individus sont différents (grande variabilité tant inter-individuelle qu’en fonction de l’âge).
On notera également les résultats suivants :
Etude expérimentale (TESTU – 1999) : la combinaison des activités extra-scolaires (ou périscolaires) et des activités scolaires peut être bénéfique et conduire à des comportements plus stables en ZEP (Zones d’Education Prioritaires).
c) Les études diverses
· Expertise collective de l’INSERM d’Avril 2001 : « Rythmes de l’enfant ; de l’horloge biologique aux rythmes scolaires »
1. L’alternance veille/sommeil, un élément clé à respecter
Les experts préconisent :
§ pour les 2-5 ans : nuit + sieste (pas uniquement réservée aux enfants de Petite Section) = faciliter l’accés à la sieste pour les plus petits
§ pour les 6-12 ans : horaires de coucher et lever réguliers (minimum 9h de sommeil) = veiller à une quantité de sommeil suffisante
2. Activités intellectuelles : des variations journalières et hebdomadaires (liées au rythme biologique)
L’activité intellectuelle des élèves fluctue au cours de :
§ la journée : variations journalières liées à des élèments biologiques internes qu’il s’agisse des rythmes propres de l’enfant (sommeil, rythme cardiaque, température corporelle…) ou des rythmes psychologiques (variations journalières du comportement) ;
§ la semaine : fluctuations au cours de la semaine liées à l’emploi du temps (= rythmicité voulue, conçue par les adultes).
= aller vers une meilleure cohabitation entre rythmes biologiques et vie scolaire
Remarques :
- La fin de matinée et le milieu d’après-midi constituent des périodes optimales (= créneaux horaires définis comme étant les plus favorables et à réserver à des apprentissages nouveaux nécessitant l’attention, à opposer aux moments moins favorables réservés à des activités d’entretien des connaissances ou à caractère ludique).
- La coupure du week-end est défavorable.
· Ventiler l’emploi du temps sur la semaine
Semaine de 6j / 7 j jusqu’à 13h avec des activités artistiques réservées pour l’après-midi.
Ne pas confondre activités artistiques et activités périscolaires.
· Retarder l’heure d’entrée en classe le matin pour les 6-8 ans
(mercredi ou samedi matin : moments privilégiés où les parents sont également plus disponibles)
· Raisonner en rythme annuel
Moment le moins performant : Toussaint + Fevrier/Mars (2 périodes difficiles à vivre)
Moment le plus performant : Juillet / Août
· Etudes de P.CREPON
1. Le sommeil
L’alternance veille/sommeil constitue le rythme biologique de base de l’espèce humaine : la quantité de sommeil nécessaire est très variable d’un individu à l’autre.
Gros dormeur / petit dormeur
Couche-tôt / lève-tard
2. Les variations du niveau de vigilance
Cycle de vigilance chez l’adulte : 2h (nécessité biologique)
Notion d’ "éveil passif"
3. La nécessité de repos
L’enfant est en situation d’apprentissage permanent et est souvent en sur-régime
ð privilégier plusieurs pauses courtes plutôt qu’une seule récré.
4. La triple alternance (DEBRE et DOUADY – 1962)
L’organisation de la journée à l’école devrait toujours respecter une triple alternance :
§ travail / sommeil
§ mouvement /immobilité
§ cerveau gauche (rationnel) / cerveau droit (imaginaire)
pensée logique, raisonnement / création, parole, langage, émotions
· Etudes de MONTAGNER
Pour bien connaître le rythme de l’enfant, la période de vacances est idéale.
L’idéal serait une semaine de 5 jours avec le rythme scolaire suivant : 9h30-12h et 15h-17h.
La pause du midi est encore trop longue.
CP – CE1 : fatigués l’après-midi (ne pas aborder de notions nouvelles)
CE2 - CM2 : 15 h OK
Week-ends : désynchronisation des rythmes biologiques + empilement d’activités, de contraintes et de fatigues subis pendant le week end
Lundi : mauvais jour = période de stabilisation (voire le mardi aussi)
Mercredi : trop de sollicitations, trop d’activités (sport, musique, … qui relèvent encore de l’apprentissage) donc Jeudi : journée encore difficile (rappel : il faut que les enfants s’ennuient).
Effet spécifique de l’emploi du temps sur la rythmicité
d) L’influence de l’environnement
Influence de l’environnement sur la concentration et la vigilance
Prise en compte particulière des enfants qui cumulent les déficits de sommeil et l’insécurité affective vivant au sein d’un milieu familial lui-même en difficulté (chômage, conflits entre les parents, …)
Insécurité psychique qui doit être « traitée » au cours de la 1ère heure (= remise en route) : entrée intermédiaire en classe (ou transition) afin de sécuriser et apaiser (= restauration d’un sentiment de sécurité affective)
L’aménagement du cours de la journée serait plus bénéfique que l’aménagement de la semaine.
e) Sondage auprès des enseignants de Vauréal
|
Cycle II |
Cycle III |
Lundi |
Mise en route difficile |
Difficile |
Mardi |
OK |
OK |
Jeudi
|
Avis mitigés |
Elèves plus reposés mais avis mitigés |
Vendredi |
Correct |
|
La semaine de 5 jours est perçue comme étant difficile
POURTANT :
Mercredi matin ou samedi matin : enfants plus disponibles => ambiance particulière
Globalement, ces 3h sont manquantes (à cause de la semaine de 4 jours) et les enseignants sont plus stressés pour boucler les programmes.
II. DEBAT SUR LE RYTHME SCOLAIRE
Rappel de la distinction entre :
- Aide personnalisée : compétences transversales (difficultés passagères)
- RASED : difficultés scolaires (difficultés plus profondes)
Contraintes de l’Education Nationale en matière de rythme scolaire :
- en France, la durée de la journée scolaire est de 6h de temps contraint (5h30 de temps pédagogique + 0h30 de récréation) = pas plus de 6h / jour
- pas plus de 5 jours par semaine
L’idéal serait d’adapter les emplois du temps selon le cycle II ou le cycle III.
Les contingences sociales et techniques (matérielles) sont souvent imposées à l’enfant et sur son rythme.
Il faudrait des transitions lors des changements de cycle (passage CM2 – 6ème notamment).